Hermès et le Jardin de Monsieur Li
le dernier voyage d’Hermès nous emporte du coté de la Chine, dans un jardin imaginaire empli de zénitude : celui de Monsieur Li. Comme le travail avec l’artiste Li Xin est revendiqué, j’ai bien envie de lire ce parfum en faisant le lien entre l’aspect coloriel de l’univers développé, et l’aspect olfactif, car le dégradé est pertinent. Jaune orangé : dès les premières notes, le kumquat, un petit citron jaune orangé, dévoile ses notes vives et piquantes, légèrement amères qui seraient une sorte de mix entre la bergamote, le pamplemousse et la mandarine. Il dynamise l’envolée. Vert duveteux : le jasmin « sampaquita », un jasmin légèrement sucré et débarrassé de ces facettes acétiques et animales, déploie ensuite sa douceur abricotée et s’enroule dans le fondu de vert foncé d’un accord croquant de prune et d’ionones, parfum Lyon que je trouve assez proche de ce qui fait l’intérêt de j’Adore. Ici, il rejoint également pour moi le coeur « peau d’abricot » de A Scent, sans avoir le mordant vert de ce dernier. Les jardins d’Asie n’auraient-ils pas ce point commun ? Gris pastel : ce vert foncé décline ensuite tout en douceur sur un dégradé de gris, une sorte de boule de muscs propres et modernes travaillée autour des notes de pierres mouillées de l’ambrinol et du cashmeran. L’évocation de la pluie sur les pierres, ainsi que la moiteur d’un jardin après la pluie n’en ai que plus réaliste. C’est à ce moment que le parfum se densifie, car cet accord gris lui donne de la générosité, une rondeur « laineuse », qui, comme Cuir d’Ange, rompt avec les créations minimalistes auxquelles Jean Claude Ellena nous avait habitué ces derniers temps.