L’eau de cologne
Le nom eau de Cologne désigne à l’origine soit un parfum créé par Jean Marie Farina (1685-1766), soit plus généralement une catégorie de parfums contenant 4 à 6 % d’essences. Jean Marie Farina, parfumeur italien, s’installa à Cologne au début du XVIIIe siècle où il se mit à produire un parfum à base d’huile de bergamote qui devint mondialement connu. C’est pour honorer sa nouvelle ville résidentielle Cologne que le parfumeur baptisa son parfum Eau de Cologne. Ce n’est pas un hasard qu’un italien à Cologne choisit de donner un nom français à son parfum. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le français était non seulement la langue du commerce à l’échelle européenne, mais également la langue parlée dans les hautes sphères.
L’Eau de Cologne originale de Giovanni Maria Farina (1685-1766) devint le favori de divers personnages reconnus dans l’histoire tels que les rois Louis XV et XVI ainsi que de Napoléon. Aujourd’hui, l’Eau de Cologne originale est toujours produite par la huitième génération de descendants de Jean Marie Farina à Cologne (Jean Marie Farina vis-à-vis la place Julier depuis 1709).
À l’époque où Farina s’installa dans la ville libre d’empire de Cologne, seuls les étrangers de confession catholique et travaillant dans les métiers de luxe étaient les bienvenus (les produits de luxe désignaient exclusivement l’or, l’argent, la soie et les parfums). Lors de l’occupation française (1794-1814) ces lois furent abolies, permettant ainsi à quiconque de s’installer dans la ville. Cette époque marque le début des contrefaçons du parfum de Farina qui en l’espace de 80 ans proliférèrent à une vitesse impressionnante. Presque 2000 plagiats de l’Eau de Cologne de Farina furent recensés. Et c’est à cette époque que l’on vanta les prétendus bienfaits thérapeutiques du parfum. Ce phénomène est d’ailleurs relativement simple à comprendre; il y avait à l’époque tellement de fausses Eau de Cologne sur le marché que les revendeurs sentirent le besoin d’attribuer des qualités médicinales à leur parfum, de manière à élargir leur clientèle.
Le 19 août 1803, Wilhelm Mülhens fit l’acquisition des droits du nom « Farina » qu’il obtient certes par le biais d’un Carlo Francesco Farina (Santa Maria 05.08.1755 – Düsseldorf 25.09.1830) venu d’Italie, toutefois cet homme n’était aucunement apparenté à la célèbre famille de parfumeurs créateurs de l’Eau de Cologne. Un autre grand parfumeur a été Jean Marie Joseph Farina (1785-1864), neveux du premier, fondateur, en 1806, de la maison Jean-Marie Farina, rue St-Honoré, Paris, reprise par Roger & Gallet en 1862. Ces derniers sont détenteurs des droits sur Eau de Cologne extra vieille (alors que le produit original se nomme Original Eau de Cologne).
Cent ans donc après la création de l’Eau de Cologne, le parfum se vit en concurrence avec une quantité innombrable d’imitations que la famille réussit après de longs procès à faire interdire. Les poursuites judiciaires durèrent néanmoins près de quatre-vingts ans et cela eut pour conséquence la généralisation du terme d’Eau de Cologne. Le nom d’un parfum exclusif fut ainsi abusivement utilisé, jusqu’à ce qu’il devienne un terme générique. Le fait que les fausses Eau de Cologne se soient multipliées à une vitesse impressionnante eut pour conséquence une confusion générale. Tous ces parfums légers portaient certes le même nom, toutefois leurs odeurs divergeaient radicalement les unes des autres. C’est ainsi que les esprits n’ont plus su attribuer le nom d’Eau de Cologne exclusivement au parfum de Farina et ont associé le terme à tout parfum d’une concentration moindre. En parfumerie, il est aujourd’hui courant de faire la distinction entre Eaux de Parfum, Eaux de Toilette et Eaux de Cologne. Ces désignations font référence à leur concentration en essences : Eau de Parfum : 12 – 20 % d’essences ; Eau de Toilette : 7 – 12 % d’essences ; Eau de Cologne : 4 – 6 % d’essences.